Les premiers possédants de la Garotterie

 

 

Vue arrière ancienne de la Garotterie

 

Le manoir herblinois de la Garotterie, situé au cœur du quartier du Tillay, a appartenu au fil des siècles, à une série de propriétaires, des petits et grands notables de la fin du moyen-âge jusqu’aux irlandais du Grand Siècle.

1- A l’origine, en 1465, on attribue sa possession à Jean de la Lande, d’une puissante famille, seigneur de la Haie-Mahéas en Saint Étienne de Montluc.

Un aveu* rendu à la seigneurie de Couëron lui octroie les terres de Carcouët, des Hauts et Bas-Moulins.

2- Vers 1565, La Garotterie passe aux mains  de Christophe de Beauchêne écuyer, sieur de la Juiverie et de Saint-Pierre en 1570.

3- Quelques temps après c’est Raoul Lemoyne, marchand de draps de soie et de laine de Nantes (le 1er corps de marchands de la ville) par ailleurs capitaine de négoce à la Fosse, qui en est propriétaire.

Sur appui de la duchesse de Mercoeur, il obtient en août 1589 que sa maison et terre de la Garotterie soit fief et terre noble, elle devient de ce fait la seigneurie de la Garotterie.

Pour cela il présente en juin 1589 à la chambre des comptes de Bretagne l’aveu de ses appartenances et rend hommage au roi pour le lieu de La Garotterie en ces termes :

Aveu, menu et dénombrement des maisons terre et appartenances du lieu noble de la Garotterie, situé en paroisse de Saint-Herblain près de la ville de Nantes, que présente au roi notre sire en sa chambre des comptes de ce pays et duché de Bretagne par devant les gens des comptes y établis, Raoul Lemoyne seigneur dudit lieu de la Garotterie et l’un des capitaines de la dite ville de Nantes.

Savoir : La grande maison dudit lieu de la Garotterie avec sa chapelle, cour, puy, pressoir, pigeonnier, granges, étables, jardin, verger en rabine*, châtaigneraie, vignes, faux à cornils* et terres labourables au derrière de la dite maison.

4- Pierre Monnier, sieur de la Fresnay (Saint Hilaire de Clisson), échevin nantais et son épouse Jeanne Lemoyne (fille de Raoul L.) achètent en juillet 1607 à Marguerite (autre fille de Raoul L.) quelques terres de la Garotterie dans la part de succession de celle-ci.

5- François Lefèbvre, sieur du Rocher et époux de Yvonne Monnier vend en 1612 (?) à Julien Chesné les héritages qui lui appartiennent en Saint-Herblain.

6- André de Bourges (famille issue de Burgos), afferme en 1622 à François Mollinet toutes les terres dépendantes de la Garotterie et à Jean Bonnier le seul moulin à vent. En juin 1635 il rend hommage au roi pour le lieu de la Garotterie en son nom et au nom des autres enfants Monnier.

7- Jeanne Monnier épouse de Jacques Lebreton (dcd 1651) seigneur de la Rouxelière, greffier de la chambre des comptes de Bretagne et échevin de Nantes, fait hommage au roi en 1655 de la moitié de La Garotterie.

8- Pierre Macé, écuyer, sieur de la Paginière, époux de Michelle de Bourges rend hommage au roi en 1660 pour une moitié du domaine.

9- Après le décès de son mari, Michelle de Bourges vend en octobre 1670 la Garotterie à Pierre Belon, sieur du Douet-Garnier, important notaire de Nantes, consul, échevin et capitaine de milice bourgeoise.

10- Pierre Belon, marié à Claude Launay, cède en 1673 La Garotterie à René de la Bodinière, seigneur de Sesenay, commandant des gardes de Haute et Basse Bretagne et commandant de la garnison de Nantes.

11- Claude de Launay remariée à Henri de Bastelart, chevalier, seigneur de la Salle, de la Noë-Briord et de Fresnay-en-Retz, cède en 1682 à Françoise Renard, femme de Marin de la Tonnelle, la maison noble de La Garotterie moyennant 7 000 livres.

12- Marin de la Tonnelle convient en janvier 1686 d’un échange de terres avec Perrine Belot, dame de la Patouillère, terres qui pourraient être aux Hauts Moulins si l’on considère la suite.

13- Perrine Belot baille en mars 1698 à André Thomaré, laboureur et Olive Bernier sa femme, domiciliés au village de la Contrie à Chantenay, les deux bordages* qu’elle possède, appelés Les Hauts Moulins à Saint-Herblain.

14- Mais entre temps le 28 octobre 1692, Françoise Renard vend la maison de La Garotterie à Nicolas II Lee et à sa femme Anne Géraldin, moyennant 8 000 livres.

La chapelle (vue de la rue) insérée dans les murailles

Dans la description des lieux nous retrouvons ce qui a été décrit en 1589. Le tout clos de murailles, contenant par fond avec logement et cours quatre vingt boisselées ou environ cerné d’un chemin tout autour.

Suit une liste de 29 terres (dont certaines sont bâties) pâtures, terres labourables, bois, moulin, dont les surfaces sont décrites en boisselées*, cantons* et andains* (à la mesure locale nantaise). Ces terres sont dispersées et s’étendent des Dervallières à l’est, au Tillé au nord, à la Crémetterie au sud et aux petites barrières à l’Ouest; s’y ajoutent trois terres en vallée de Saint-Herblain, d’Indre et du Coudray.

Ce dernier épisode (franco-irlandais) ouvre le chapitre irlandais de l’histoire de La Garotterie qui se décline aussi en de nombreuses familles et dont la transmission se fera essentiellement par les femmes.

Ceci est un condensé des recherches effectuées par Hoat NGUYEN aux archives départementales de Loire-Atlantique et publiées dans le n° 41 du périodique municipal Histoire Mémoires de Saint-Herblain, sous le titre : Les gens de La Garotterie (XVe- XVIIe siècles), consultable dans le wikipatrimoine de Saint-Herblain.

Ce condensé cherche à mettre en relief le nombre de possédants de la propriété et la qualité de ceux-ci, qui appartenaient pour beaucoup à la bourgeoisie ou petite noblesse nantaise (la situation des premiers évoluant souvent dans la seconde par achat de terres et validation de titre).

*Quelques termes et mesures employés jusqu’à la révolution et le système métrique :

La règle la plus générale de toutes les mesures en France est le pied du roi, tel qu’il fut vérifié et déterminé à Paris en 1668 (donc sous Louis XIV).

Dans la banlieue de Nantes les terres labourables se mesurent à la boisselée, les vignes à l’hommée, les prés à l’andain et au petit journal.

Pour déterminer ces différentes mesures on se sert de la gaule nantaise, longue de sept pieds et demi, dont le carré fait 56 pieds carrés un quart.

Boisselée : est égale à 60 gaules carrées ou 93 toises 3/4 carrées ou à 3375 pieds carrés.

L’hommée : est égale à 75 gaules carrées ou 117 toises 1/5 carrées ou à 4219 pieds carrés.

Autre approche plus parlante : 2 ares de terre bêchée par un homme en une journée.

Andain : est égal à 20 gaules carrées et 31 toises 1/9 carrées.

Petit journal : est égal à 450 toises carrées ou 703 toises 1/9 carrées.

Toise : (du Châtelet) vaut 6 pieds ou 1949 mm.

Bordage : tenure féodale analogue au métayage.

Aveu : déclaration écrite fournie par le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief, à l’occasion d’un achat, d’une succession ou rachat.

Livre tournois : à la base c’est une livre d’argent (soit environ 409 grammes) qui équivaut en monnaies à 20 sous (ou sols) et 240 deniers.

Rabine : large allée plantée de grands arbres qui mène à une propriété.

Faux à cornils : définition non trouvée.

 

Lors de la vente de 1692 la surface du terrain de la Garotterie est estimée à 80 boisselées, il reste à transformer cela en mètres carrés ou hectares pour mieux s’y retrouver.

S’ajoutaient à cela les surfaces des terrains vendus alors hors les murs.

Ces murs auront leur partie nord abattue sur ordre des Allemands dans les années 1940 afin de surveiller les abords de Nantes.

Ensuite Madame Lesaffre vendra, de son propre gré ou non, de nombreux terrains de part et d’autre de l’actuel boulevard de la Baule, ce qui constituera en grande partie l’habitat pavillonnaire actuel de ce quartier, ainsi que la surface commerciale Carrefour.

En 1968 l’institut des sœurs de l’Agneau de Dieu, basée à Brest, a hérité de la propriété restante par un legs au décès de Mary Lesaffre, laquelle aurait désiré intégrer la congrégation, ce qui n’avait pu se faire.

Les soeurs, afin d’y établir une communauté de sœurs au service des familles et des personnes âgées au moyen de la construction d’une aile plus moderne ont vendu en 1969 une partie du domaine. Cela qui a permis la création d’un dernier lotissement incluant l’allée des Sitelles et l’allée des Verdiers, lotissement ceinturé au sud par la rue des Irlandais.

Avec le temps la maison devient au fil du temps une résidence pour les soeurs âgées.

En 2005 les alentours se retrouvent complètement bousculés, certains diront perturbés, par l’arrivée de plusieurs immeubles dans les rues adjacentes; et ce n’est pas fini car le boulevard de la Baule est en pleine mutation, avant son remplissage par des immeubles, de la tour hertzienne jusqu’à la place Abel Durand.

C’est la densification bien près des vieux murs de la Garotterie !

Novembre 2015

Daniel PORCHERET

 

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